Catégorie « Complete Bullshit »

« Tant que c'est à l'étranger, ça compte pas. »

« Tant que c'est à l'étranger, ça compte pas. » C'est le seul et unique article du nouveau projet de loi anti-terroriste présentée par Bernard Caseneuve mercredi prochain devant le Sénat dans le cadre d'une procédure accélérée.

Ce nouveau projet de loi devrait permettre à nos équipes de récolter des renseignements plus facilement sur le terrain et, le cas échéant, de contrecarrer des attentats en neutralisant efficacement leurs auteurs potentiels. « Cela se pratique déjà dans les faits mais comme ce n'est pas explicitement précisé dans la loi, les agents vivent dans une l'insécurité juridique qui nuit à leur efficacité », a assuré le ministre de l'Intérieur devant l'Assemblée Nationale lors des débats en début de semaine dernière. « Le cadre juridique encadrant leurs actions doit être le plus clair possible et il me semble que notre projet de loi répond parfaitement à ce besoin tout en instaurant les garde-fous nécessaires », a-t-il précisé. Devant les critiques que lui ont opposé quelques rares députés lors de la première lecture à l'Assemblée la semaine passée, il a répondu que « c'est d'ailleurs déjà ce que pratiquent nos alliés américains à Guantanamo et récemment nos alliés anglais via des interventions ciblées à l'aide drones ».

Cependant le projet de loi n'est pas passée sans heurts jusqu'à présent puisque des débats animés ont opposé à l'assemblée le ministre et le rapporteur Jean-Jacques Urvoas au groupe Les Républicains qui critiquaient la complexité de la loi et l'absence de contrôle. Mais un compromis a été trouvé vers une heure du matin après une interruption de séance de trente minutes grâce à deux amendements décisifs. Le premier rajoutait la précision « Tant que c'est à l'étranger » en début d'article, instaurant une certaine limitation dans la portée de la loi, approuvée des deux côtés de l’hémicycle. Le second retirant un « n' » jugé inutilement complexe. « Je ne peux qu'approuver cette loi qui va dans le bon sens », a déclaré Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes « mais je regrette toutefois qu'elle n'aille pas plus loin. Notamment en ce qui concerne les étrangers présents sur le territoire français. »

La simplicité de cette loi ne semble cependant pas faire l'unanimité. « Je ne comprenais rien à l'essentiel de la loi et des amendements, j'ai donc suivi l'avis du ministre », a déclaré une députée de la majorité. Malgré tout, le ministre se veut rassurant : « cela reste évidemment une problématique éminemment technique, mais nous nous sommes attachés à l'aborder de la manière la plus simple possible. »

Plusieurs organisations qui se sont fermement opposées, sans succès jusqu'à présent, à ce projet de loi qu'elles jugent « inacceptable, dangereux et irrespectueux des Droits de l'Homme » ont annoncé leur intention de durcir leur action à l'occasion du passage devant le Sénat. « Jusqu'à présent nous avons privilégié les voies légales [plusieurs recours devant le Conseil Constitutionnel et le Conseil d'État ces derniers mois, NDLR] contre les lois précédentes et avons tenté d'expliquer en quoi elles étaient dangereuses mais force est de constater que ça ne fonctionne pas », a déclaré tristement Adrienne Charmet-Alix, porte-parole de la Quadrature du net. « Nous allons donc nous inspirer des actions qui on obtenu gain de cause auprès du gouvernement ces dernières années en bloquant des routes, en tabassant des fonctionnaires du renseignement et en brûlant des boites-noires. Puisque faire appel à l'intelligence ne nous vaut que du mépris voire des insultes, nous allons tenter la connerie et la violence, sait-on jamais », a-t-elle conclu sur un haussement d'épaules désespéré.

Voilà voilà, c'est mon troisième article débile de suite sur le sujet mais en parler sérieusement serait trop déprimant... Cela dit, ça devient difficile de grossir le trait quand il est déjà si épais...

Cet article est bien entendu publié sous licence :

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Rien à cacher !

Pas plus tard que cet après-midi, j'ai eu la mauvaise surprise d'appendre que j'étais maintenant sous surveillance renforcée :

Sous surveillance renforcée

Donc bon, comme je ne tiens pas à finir en prison, finies les conneries, les exégèses amateurs, tout ça. Je soutiens maintenant le gouvernement à 100%. Il est grand temps que la France deviennent une démocratie adulte avec un gouvernement fort qui puisse faire respecter l'ordre sans que la Justice vient lui mettre de bâtons dans les roues.

Donc pour soutenir ses efforts, j'ai écrit une petite chanson sur l'air de Rien à cirer de Charles Trenet. N'ayant pas les compétences musicales d'un JCFrog, n'ai malheureusement que les paroles à proposer :

Rien à cacher, la vie est belle
L'état sait tout de moi
Mon historique et mes e-mails
Mes déplacements, mes choix
Rien à cacher,
Je suis ravi
Qu'il puisse connaitre tout de ma vie
Même plus que moi en vérité
Au nom de ma sécurité
Rien à cacher
Adieu zadistes et dissidents d'un jour
Les terroristes, les pédophiles sont percés à jour
Le boites noires les dénoncent aux flics
Grâce à leurs algorithmes magiques
Qui analysent toutes nos données
Rien à cacher
Alors s'envole ma vie privée
Au moindre faux pas je serai suspect
Mais quelle importance puisque je n'ai
Rien à cacher
Rien à cacher
Rien à cacher

Voilà.

Sinon, Snowden a dit récemment en substance que ne pas s'inquiéter du respect de la vie privée parce qu'on n'a rien à cacher était du même niveau que d’approuver la censure sous prétexte qu'on n'a rien à dire. Et ça tombe bien parce que du coup justement je n'ai plus rien à dire : le gouvernement dit déjà tout ce qu'il y a à savoir et bien mieux que moi \o/

Cet article est bien entendu publié sous licence :

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N'ayez pas peur des algorismes !

Depuis plus d'un mois et demi maintenant, nous assistons à une lutte féroce entre le gouvernement d'une part et des personnes organisations très variées d'autre part concernant le projet de loi sur le renseignement qui est en cours d'examen actuellement (en procédure accélérée parce qu'il y a urgence pour s'assurer qu'une majorité de parlementaires n'ait pas le temps d'y voir clair et suive la consigne de vote de son parti).

Un gros point qui pose problème (en autres) est le problème des « boites noires » (le terme vient de la com' du gouvernement, même s'il a retourné sa veste depuis), pas forcément des boites physiques mais en tous cas des boites « logiques », à savoir des algorithmes secrets dans lesquels on rentre plein d'informations et qui ressortent des suspects (c'est donc bien la définition d'une boite noire dans le domaine des systèmes d'information).

Bon, en tout cas c'est ce qu'on a compris. Mais il semblerait qu'il y ait eu méprise.

En effet, nous on a tous compris qu'on parlait d'« algorithme », ce mot assez commun de la langue française bien connu des informaticiens et des scientifiques en général mais qui n'a fait son apparition que très récemment chez les politiques :

algorithme (non masculin) :
Ensemble de règles opératoires dont l'application permet de résoudre un problème énoncé au moyen d'un nombre fini d'opérations. Un algorithme peut être traduit, grâce à un langage de programmation, en un programme exécutable par un ordinateur.
Dictionnaire Larousse

Sauf qu'en fait on a tout faux. C'est l'intervention ministre de la défense Jean-Yves Le Drian qui nous en a fait prendre conscience lors de son intervention devant le sénat il y a quelques jours et dont Laurent Chemla nous propose une compilation :

« algorisme », compilé par Laurent Chemla

Vous l'aurez maintenant compris : en fait on ne parle pas d' « algorithme », mais plutôt d' « algorisme ». La confusion n'a rien d'étonnant puisque si le premier mot est bien connu, le second l'est beaucoup moins.

Tout d'abord, je précise que ça n'a rien à voir avec Al Gore. Ni avec l'anévrisme, même s'il semble évident qu'un dysfonctionnement de l'algorisme, une « rupture d'algorisme » donc, pourrait entrainer des conséquences dramatiques.

Non, ce mot venant de l'ancien français et qui est l'ancêtre de notre algorithme a vu son sens évoluer pour aboutir dans le jargon des services de renseignements à quelque chose de sensiblement différent :

algorisme (non masculin) :
Moyen de ciblage magique permettant sans surveiller personne, de détecter des suspects anonymes pouvant par la suite être dés-anonymisés si le besoin s'en fait sentir.
— Dictionnaire Larousse (édition de 2084)

Et voilà, comme vous pouvez le constater, Bernard Cazeneuve, Jean-Jacques Urvoas et leurs collègues ont parfaitement raison : il n'y pas de surveillance de masse. Puisque par définition l'algorisme n'espionne personne.

D'ailleurs le nom de Poudre Verte Global Solutions circule déjà dans les couloirs des ministères comme fournisseur pressenti des dits algorismes. Ce qui est un gage de qualité, à n'en pas douter.

Tout va bien.

Vous pouvez profiter de votre weekend ensoleillé tranquilles et le cœur léger.

Ou alors…

Ou alors Jean-Yves Le Drian n'est — comme il le reconnait lui-même — pas un grand spécialiste des algorithmes et n'est pas au courant que c'est un mot français et qu'il n'y a pas lieu de prononcer le « th » à l'américaine…

Mais dans ce cas la loi prévoirait bien des algorithmes de surveillance de masses dans le but de détecter des comportements ressemblant un peu à des comportements de terroristes connus, avec de forte probabilités de faux positifs (le lien parle de dépistage du cancer mais le principe est le même : là aussi on parle d'une très petite minorité) qui risquent fort de conduire à des erreurs judiciaires erreurs administratives (la justice c'est has been) et engorger les services de renseignement qui n'arrivent déjà pas à surveiller les suspects connus. Le tout avec des moyens de recours largement illusoires.

« Gare aux godillots ! », par JCFrog

Mais alors on aurait vraiment des raisons d'avoir peur.

Non, décidément, je préfère largement mon explication, c'est beaucoup plus rassurant.

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Je m'inquiète pour Firefox...

Je m'étais habitué à voir progressivement, au fur et à mesure de mises à jour de Firefox, de plus en plus de fonctionnalités disparaitre de l'interface pour être reléguées au fin fond des menus, voire carrément supprimées (détection des flux RSS, des moteurs de recherche, barre d'état, menu, protocole...).

Je suis donc fort surpris et même inquiet de constater que depuis plusieurs versions, plus aucun élément d'interface n'ait disparu. Les équipes de Mozilla se seraient-elles tellement habituées à se contenter de suivre Chrome sur ce sujet qu'elles n'arrivent pas à trouver elles-même quel est l'élément superflu suivant ?

Pourtant ce n'est pas si difficile. Prenez les boutons de navigation "précédent", "suivant" : de nos jours les sites web contiennent tout ce qu'il faut pour naviguer (menus, fils d'Ariane, etc). Je pense qu'il est donc inutile de les conserver par défaut.

Le bouton rafraichir me semble bien inutile aussi : quand les informations varient, les sites proposent en général de rafraichir le contenu et au pire il suffit de cliquer dans la barre d'adresse et appuyer sur "entrer" pour recharger la page.

Après quand on y pense, il me semble bien superflu de garder à la fois une zone de titre et une barre d'adresse : pourquoi ne pas les fusionner comme dans la version mobile ? On éviterait du coup de voir d'inutiles adresses incompréhensibles qui, je n'en doute pas, doivent perdre les utilisateurs non-techniciens. D'ailleurs à bien y repenser, la barre d'adresse et de recherche est bien inutile puisqu'il suffit de mettre un champ de recherche à l'ouverture d'un nouvel onglet.

Ensuite, la barre d'onglets : je pense qu'on peut bien s'en passer aussi. L'être humain est généralement monotâche (et le peu de multitâche qu'il est capable de déployer est déjà bien assez occupé à vérifier sur son smartphone que personne n'essaie de le joindre). Au pire on peut toujours ouvrir plusieurs fenêtres s'il le faut. Parce qu'une barre d'onglets, ça prend facile 20 à 30 pixels de haut, on rigole pas avec ces choses là ! D'autant que le titre de la page, c'est assez inutile. Un petite notification en bas de l'écran au chargement de la page est bien suffisant.

Vous me direz que ce n'est pas pratique vu que c'était à l'ouverture d'un nouvel onglet que l'on pouvait lancer une recherche mais je me vois bien obligé de vous détromper. En effet, maintenant que Google est capable en traçant nos habitudes de deviner ce qu'on va faire, plus besoin de choisir, il suffit de se laisser porter.

Du coup on arrive à quelque chose de vraiment révolutionnaire dans sa simplicité. J'aurais tendance à vouloir proposer un nouveau nom : ça s'appellerait "Télévision".

Mais comme dirait Jean-Pierre Gauffre : évidemment, vous n'êtes pas obligés de me croire.